La terre s'étira,
bailla
et projeta au dessus de l'horizon un disque jaune pâle à peine perceptible à travers la brume glacée.
La mer vomissait ses joyaux, coquillages, algues multicolores. Elle roulait sur le sable fin son corps frémissant, s'abandonnant un instant à cette caresse du rivage puis, comme honteuse de ce laisser-aller, se retirait à regret pour revenir sans cesse, indécise.
Elle accomplissait ce rite depuis sa naissance, perdue dans la nuit des temps, et l'accomplirait encore jusqu'à la fin de ce monde où s'égraine la vie, en amante jalouse qui jamais ne pardonne et jamais ne trahit, tantôt douce, tantôt furieuse, mais toujours fidèle.
C'était l'heure où tout se confond, rêve et réalité, nuit et jour, terre et ciel.
Extraits du preta de l'île singulière